Il est toujours difficile de reprendre le court du temps lorsque l’on revient d’Espagne.
Hier je discutais avec une vétérinaire qui vient de rentrer et ses mots ont été ceux de tout le monde.
« Ça me fait drôle Odile d’être rentrée et je n’ai qu’une envie, y retourner ».
Oui moi aussi ça me fait drôle, après tant d'années, je ressens toujours cette impression de vide et de manque à mon retour.
Cette petite phrase résume à elle seule tout ce que nous ressentons , l’impression de ne plus être la même personne surtout lorsque l’on y va pour la première fois.
Alors il y a toutes ces images qui défilent, tous ces chiens que l’on a laissé là-bas, tous ceux que nous ne reverrons peut-être pas, ceux qu’on aurait voulu ne pas laisser parce ce qu’on s’y était attaché.
Pour les bénévoles qui ne connaissaient pas le martyr des Galgos en Espagne, c’est souvent un choc, un bouleversement, quelque chose qui changera irrémédiablement le sens de leur vie parce qu’ils auront découvert des chiens fantastiques.
« Qu’est-ce qu’ils sont courageux Odile, c’est incroyable cette faculté qu’ils ont d’encaisser la douleur »…
Oui, ils encaissent, ils encaissent tout, la douleur et la promiscuité du refuge.
En fait depuis leur naissance ils vivent comme ça,ils encaissent, se contentant de rien, dormant à même le sol souvent dans la vermine, les coups et les humiliations sont leur quotidien.
Alors pensez-bien …lorsqu’ils trouvent enfin la paix au refuge et un panier en plastique pour le confort, même si les conditions ne sont pas idéales, c’est enfin pour eux le bout du tunnel.
Mais au bout de ce tunnel, il y a l’injustice parce que certains sortiront de là très vite et d’autres y resteront des mois voire des années.
Ce beau Galgo en a fait les frais, il sera bientôt en France pour LSF.
Ce sera la prison après l’enfer pour eux.
Comme ma petite Marilo qui était au refuge depuis plus d’une année, petite misère que personne n’avait jamais regardé, elle a eu la chance d’être prise en charge par Lévriers sans frontières après tant de mois de galère.
Une vilaine fracture mal opérée l’ handicapait énormément alors nous n’avons pas hésité à recommencé. Elle est actuellement hospitalisée chez le Dr Baron.
Et il y a Pepona que nous avons laissé là-bas, mère courage, rescapée du goulag, elle vivait dans des conditions horribles, dans un taudis innommable et était régulièrement malmenée à coup de pierre.
Oui, on lui jetait des pierres, c’était ça son quotidien, comme pour lui faire comprendre qu’elle n’était rien, juste bonne à produire de la chair fraîche ..
Comment peut-on imaginer une telle barbarie, pourquoi de tels sévices ?
Même pour moi, ces questions sont toujours restées sans réponse ?
Pauvre Pepona, enfin la voilà sorti de cet enfer.Ses chiots auront la chance d'être plus vite adoptés qu'elle, ça aussi c'est une injustice mais ainsi va la vie et on y peut rien.