Par amour pour elle…
C’est l’histoire d’une jeune femme qui tombe un jour en amour pour un petit ange blanc.
C’était il y a un peu plus d’un an maintenant.
Souvenez-vous de Norit, trouvée errante par les protecteurs de la Fondation Benjamin Mehnert alors qu’elle n’était encore qu’un bébé et atteinte de cécité.
Très vite nous l’avions remontée en France, espérant qu’une intervention pourrait lui permettre de retrouver la vue, mais le diagnostic est tombé : les lésions sont irréversibles et très certainement congénitales.
Mais peu importe pour cette jeune femme, peu importe que Norit y voie un peu ou pas du tout, peu importe, elle l’aime, elle l’aime plus que de raison et elle désire l’adopter pour lui offrir une belle vie.
Mais le destin a frappé, il est cruel parfois, il est injuste et sans pitié.
Lui qui les a fait se rencontrer les sépare aujourd’hui.
C’est l’histoire d’un amour sans lendemain qui nous a brisé le cœur à tous.
Oh là là, si vous saviez comme elle l’a aimée, aimée plus que de raison, aimée au point de faire le choix de s’en séparer pour la mettre en sécurité et lui assurer un avenir.
Sa tendre petite puce restera à jamais son petit ange perdu, son départ a laissé un grand vide dans tout son intérieur, et je sais qu’elle va lire le blog ce matin comme tous les matins depuis qu’elle a adopté Norit.
Elle a pris une terrible décision, celle de nous rendre sa petite Nono parce qu’elle doit aujourd’hui se battre contre une terrible maladie et qu’elle n’a plus la force de s’occuper d’elle.
Il fallait le faire et, par amour pour elle, elle l’a fait.
Sa petite chérie était en grande souffrance, elle ne supportait plus les longues absences en milieu hospitalier de celle qui s’est toujours occupée d’elle, et elle ne mangeait plus au point qu’il est devenu vital de trouver une issue à cette situation.
Alors, c’est la mort dans l’âme que Valérie a fait le choix ultime de se séparer de son petit amour.
Si vous saviez ce que j’ai ressenti lorsque j’ai reçu ce mail titré « urgence », j’ai sauté sur mon téléphone et je n’oublierai jamais les mots que j’ai échangés avec elle, sa voix brisée et fatiguée, ses sanglots, ses regrets, sa terrible décision, je n’oublierai jamais.
Nous sommes allés chercher Norit dès le lendemain, une séparation douloureuse pour tout le monde.
Que la vie est cruelle, elle ne fait pas de cadeaux.
Une semaine a passé, Norit commence à remanger et à s’adapter à son nouvel environnement. Elle vient vite se coller à moi quand elle a peur..
Il y a eu quelques jours difficiles à passer, où elle est restée prostrée, et puis peu à peu elle s’est ouverte comme une petite pâquerette, elle a trouvé ses marques dans la maison et à l’extérieur aussi.
C’est qu’elle se débrouille bien avec sa cécité, elle voit un peu, j’en suis certaine, peut-être pas bien mais elle y voit.
À travers elle, je pense à Valérie, à ce que je lui ai pris, c’est plus fort que moi, je me dis que c’est elle qui devrait la regarder courir, et pas moi.
Je me dis que c’est injuste mais que c’est bien moins douloureux pour moi que pour elle, mais quand même c’est compliqué à gérer tous ces sentiments mélangés.
Vous savez, c’est cela aussi la protection animale, il ne faut pas croire que nous devenons insensibles aux humains.
Nous vivons des histoires parfois dramatiques comme celle-là, mais dans tous les cas nous tissons des liens indélébiles avec de très belles personnes.
Je souhaite à Valérie de vivre tout simplement, qu’elle se batte pour son petit garçon de trois ans parce qu’il a besoin de sa maman.
Norit en aura une autre mais pas lui.