Lorsque je vais au refuge, il m’est impossible de laisser ces « vieilles dames » derrière moi.
Elles portent en elles toute la misère des galgos et sont usées par les portées, je ne peux pas détourner le regard.
Je parle souvent de ces mères courage qui ne sont bonnes qu’à produire du sang neuf pour renouveler le cheptel des galgueros.
Elles vivent dans des conditions épouvantables, il faut le voir pour le croire, elles sont bien souvent à même le sol dans leurs excréments, ne voyant jamais la lumière du jour et se contentant de quelques quignons de pain et d’un peu d’eau sale.
Quand nous les récupérons elles sont fatiguées, maigres, souvent malades et pleines de tumeurs mammaires et d'escarres.
Voilà ce que vivent ces reproductrices des années durant, et puis, dès que leur corps est usé, elles sont jetées comme des déchets dans une perrera ou pendues à l’abri des regards.
Kaly nous a quittés avant-hier, notre vieille dame a tiré sa révérence, il était l’heure pour elle de nous dire au revoir, elle avait douze ans et nous l’avions remontée en début d’année.
Elle ne nous a pas offert beaucoup de temps, juste quelques mois, c’est trop court et tellement injuste.
Elle laisse derrière elle Cécile qui lui avait ouvert son cœur et qui est aujourd’hui effondrée de chagrin, mais, la connaissant, je sais que si c’était à refaire elle le referait.
Adieu, petite Kaly, nous ne t’oublierons pas.
Dis bien là-haut à toutes celles qui n’ont pas eu la chance comme toi de connaître l’amour qu’il y a sur cette terre des humains généreux et bons comme Cécile.
Dis-leur que toujours Lévriers sans Frontières dénoncera le martyr des galgos en Espagne, et que vous, les mères courages, vous serez à jamais notre priorité.
Adieu mon ange...