Espagne, toi Espagne, qu’est-ce qui a fait qu’il y a 10 ans j’ai marché vers toi ?
Je me pose souvent cette question.
Peut-être cette fameuse corrida lorsque j’étais enfant, la mise à mort de ce taureau.
Cette scène n’a jamais cessé de hanter ma mémoire, il faisait très chaud, terriblement chaud.
J’entends encore ses hurlements et je vois toujours tout ce sang qui giclait de son corps torturé par celui qui fièrement tournait autour de lui et qui n’entendait aucun de ses cris.
Et tous ces gens visiblement excités qui transpiraient et qui hurlaient eux aussi, tous debout, le poing levé.
Je ne comprenais pas.
Je ne sais plus quel âge j’avais mais en tout cas pas celui de voir cela.
Y a-t-il un âge pour assister en direct à la torture et à la mise à mort d’un animal quel qu’il soit.
Moi aussi, je hurlais, je hurlais de terreur, tout reste flou dans ma tête, il y avait tant de monde que mon père n’a pas pu me sortir de l’arène.
Il tentait de me boucher les oreilles, mais j’entendais quand même les cris du taureau et les hurlements du public.
Ce jour-là j’ai cru que j’allais mourir moi aussi, j’étais en enfer et pourtant c’étaient les vacances d’été.
Cet instant de ma vie, je ne l’ai jamais oublié et je pense qu’il a guidé mes pas vers toi, Espagne.
Mais pourquoi n’ai-je pas choisi de lutter contre la corrida, j’aurais eu une bonne raison pour cela.
Je pense que ce moment fut trop violent, comment dire… trop imprégné en moi pour que je sois en capacité d’assumer un tel combat.
Bien sûr je suis contre la corrida mais jamais je n’en ai fait cas, jamais je ne l’ai revendiqué, et pourtant la seule vision d’un torero au torse bombé me ramène inexorablement dans l’arène et j’entends le taureau hurler.
Espagne, toi Espagne, un tellement beau pays rouge de sang, qu’il coule des taureaux ou des galgos, l’important est de mener le combat contre la barbarie des hommes qui prennent du plaisir à donner la mort.
Galgo, bienvenue chez moi