La perpétuité dans les refuges espagnols pour les galgos noirs.
La fondation Benjamin Mehnert et l’association Lévriers sans Frontières s’unissent et lancent une grande campagne de sensibilisation pour dénoncer le drame qui se joue dans tous les refuges espagnols.
Ne nous voilons pas la face, n’ayons pas peur des mots…
NOUS, associations internationales, sommes responsables de l’agonie de ces milliers de galgos noirs qui croupissent durant des années dans les refuges espagnols, parce que nous suivons le diktat imposé par un trop grand nombre de candidats à l’adoption qui se tournent vers nous uniquement dans le but de faire une bonne affaire.
Nous, associations internationales, ne devons pas devenir les otages de ces « clients » qui nous imposent leurs critères de choix et de beauté, de plus en plus draconiens, ces « clients » se moquent éperdument de la cause que nous défendons et se tournent vers nous uniquement dans le but d’acheter un lévrier à pas cher.
Nous, associations internationales, devons aujourd’hui réagir et ne jamais oublier que l’adoption d’un galgo doit être avant tout une démarche de cœur guidée par l'envie de faire une bonne action en sauvant un galgo.
Adopter c'est sauver.
Adopter ce n'est pas acheter.
Je vous présente aujourd’hui deux galgos noirs, taulards de la Fondation depuis 2014.
Sultan
Sultan l’élégant, et pourtant cela fait deux ans qu’il traîne sa bosse de box en box et qu’il attend désespérément qu’une main se tende.
C’est qu’il a fière allure ce beau galgo noir planté sur ses quatre membres, il pose sousle feu du photographe tel un mannequin pour un magazine de mode.
On dirait le roi lion, celui qui se meurt de désespoir au zoo de Vincennes comme dans la superbe chanson de Bénabar, dont le texte reflète parfaitement la triste agonie des animaux qui vivent l’enferment…
« Quel chagrin, quel triste monde
Où la savane se fane à l'ombre
De la fausse montagne du zoo de Vincennes
Dans ce minable safari domestique
Où même le roi de la jungle abdique
Loin de la savane et des vastes plaines
Le lion est un vieux beau à bedaine
Crinière en calvitie, derrière son grillage
Il ne tourne même plus comme un lion en cage
À quoi bon encore jouer les bêtes féroces
Quand on ne fait même plus peur aux gosses... »
Sultan a peut-être compris que ce jour-là était sa seule chance de sortir d’ici, alors il redresse la tête et bombe le torse comme pour nous monter que lui aussi à le droit à la liberté.
Il est arrivé à la Fondation Benjamin Mehnert le 27 novembre 2014, et pourtant il n’en est jamais sorti, alors aujourd’hui comme ses compagnons de cellule nous avons décidé de le mettre en lumière et de dénoncer à travers lui la terrible agonie des galgos qui croupissent dans le hangar de la FBM.
Des galgos noirs comme lui, il y en a des dizaines, et pourtant ils n’ont rien fait pour mériter une peine aussi longue.
Il est noble et majestueux, c’est ce que nous dit le soigneur qui s’occupe de lui, il est proche de l’homme, il est très sociable avec ses congénères et ne prête aucune attention aux chats.
Le 17 septembre sera signe de liberté pour les taulards de la Fondation qui auront la chance d’être adoptés puisqu’ils remonteront en France dans le camion de l’espoir après deux années d’enfermement.
Nous lançons aujourd’hui une bouteille à la mer pour tous les galgos de la Fondation qui n’ont plus d’espoir et pour lesquels vous êtes la seule chance de retrouver la liberté tant méritée.
Nous lançons aujourd’hui un cri du cœur pour tous ceux qui se meurent injustement parce qu’ils ne sont pas conformes au diktat de la beauté imposé de notre société de consommation.
Homer
Homer ressemble à s’y méprendre à Sultan, ils ont des points communs tous les deux, même date d’arrivée à la Fondation, même robe, même âge, même caractère, même taille et même tragédie.
La tragédie de ceux qui sont nés sous une mauvaise étoile, mâles et noirs.
Alors ils sont condamnés à purger de longues peines parce qu’ils ne sont absolument pas plébiscités par les candidats à l’adoption.
On entend encore dans nos vastes contrées en l’an 2016, que le chien noir porte malheur ou qu’il fait peur, comme les chats noirs.
« Je n’aime pas les noirs, non pas un noir », à notre grand désespoir nous constatons chaque jour que le cœur a trop souvent ses raisons lors d’une démarche d’adoption.
Il est là, le grand drame des galgos noirs.
En revanche, nous protecteurs lorsque nous nous rendons chez les galgueros ou dans les perreras pour récupérer un groupe de chiens, nous ne choisissons pas, non nous ne laissons pas les noirs sur le carreau même si nous savons pertinemment qu’ils grandiront le chiffre des dizaines déjà entassés dans les longs couloirs du refuge.
Comment pourrait-on nous protecteurs « choisir » de sauver une vie plutôt qu’une autre ?
Vous, défenseurs de la cause animale ou futurs adoptants, vous seriez les premiers à nous le reprocher et à condamner nos critères de sélection.
Alors posez-vous tout simplement cette question.
Vous, adoptants, avez-vous le droit de les condamner ?
La boucle est bouclée et j’ose le dire aujourd’hui.
Vous êtes les responsables du grand drame qui se joue dans tous les refuges espagnols et nous associations sommes vos complices.
La perpétuité pour les galgos noirs.