Qui n’a pas eu un jour envie de craquer pour un chiot tout juste né, personne ne peut être insensible à ce tout petit être qui vient de naître.
C’est mignon tout plein et tellement craquant avec la photo qui va bien des bambins en train de jouer avec leurs peluches, alors certains s’extasient et c’est tout à fait humain.
D’autres s’emballent comme ce fut le cas pour la portée de Catalina,oh là là c’était à celui qui aurait la petite Pila, on se serait crus à la foire aux chiots sur les réseaux sociaux !!
Excusez-moi de constater encore une fois que les bébés partent comme des petits pains, les femelles surtout, et mignonnes de préférence, avec le nez du lévrier bien pointu, eh oui avec des petits comme ça on n’est jamais à l’abri d’une surprise, il ne faudrait pas qu’en grandissant ce bout de cul se révèle issu d’un croisement, imaginez-le avec un zeste de labrador ou de braque allemand…
La pauvre mère, elle, peut crever la gueule ouverte, quasiment personne ne s’est apitoyé devant les photos de cette pauvre créature décharnée aux mamelles tellement usées que nous avons dû lui retirer sa portée.
Non, elle n’a pas attiré la sympathie du public, pour preuve elle va arriver le 30 juillet avec sa portée de marmots, mais elle reste sur le carreau et passera par la case accueil, en plus elle positive leish la vieille croûte, alors pensez-donc…
Et pourtant j’y croyais dur comme fer parce que moi, je n’ai vu qu’elle mais je n’ai certainement plus le sens des réalités, peut-être qu’à force de flirter avec leur détresse j’en suis trop imprégnée, je ne ressens plus que de la charité pour ces êtres de chair et de sang qui souffrent tant.
Mais fort est de constater encore une fois que pour la majorité des postulats à l’adoption le cœur a bien trop souvent ses raisons et je ne cesserai jamais de m’élever contre le fait que l’adoption d’un galgo doit être avant tout un geste d’amour et un don de soi.
Le but n’est pas de culpabiliser les personnes qui optent pour l’adoption d’un chiot à partir du moment où la démarche est sincère, mais je veux juste qu’elles prennent conscience que derrière les photos de leurs adorables bambinos il y a une mère prisonnière, une machine à reproduire qui vit le pire des calvaires, une terrible agonie pour donner la vie.
Une mère courage au ventre constamment plein des bambins que vous vous arrachez et qui vit détenue dans de terribles conditions, qui mettra bas à même le sol dans la majorité des cas et qui n’aura pour seul salut que le quignon de pain que son geôlier lui balancera, histoire qu’elle ne crève pas trop vite de faim.
Il l’utilisera jusqu’à ce qu’elle ne soit plus rentable, jusqu’à ce que son corps usé jusqu’à la corde ne soit plus productif alors elle crèvera, soit de faim, soit de maladie dans le silence de son cachot, ou il l’emmènera en perrera ou il la pendra en toute discrétion, peu importe la façon dont elle finira, elle qui a si peu d’importance.
Telle est sa destinée à la machine à produire le sang neuf des galgueros qui n’ont d’ailleurs que faire que les chiots soient costauds ou non puisque sur une portée ils n’en garderont qu’un ou deux, les meilleurs sujets seront sélectionnés.
J’ai été marqué par de terribles images qui ont guidé mes pas sur le chemin qui est le mien aujourd’hui.
Je crois pouvoir prétendre n’avoir jamais failli à mes valeurs et mon combat a toujours été pour les plus démunis. Je me suis efforcée tout au long de ces années de vous emmener avec moi et je crois avoir réussi parce que vous êtes nombreux à faire des adoptions de cœur et je vous en remercie.
Je pourrai vous parler pendant des heures de la bonté de ces mères courage et de ce qu’elles sont capables de vous donner dès lors qu’elles se sentent aimées et respectées, même si ce n’est que pour peu d’années c’est tellement fort que ça vaut tout l’or du monde.
Je le vis au quotidien avec celle dont je suis devenue l’ange gardien, celle qui ne voit plus que par moi, celle dont je guide les pas, celle qui sans moi se laisserait mourir de faim.
Et lorsque Marion tirera sa révérence ma souffrance ne sera rien à côté de celle qu’elle a endurée pendant dix années et je serai plus forte de tout ce qu’elle aura bien voulu me donner.
Je t'aime Marion, je t'aime tellement...