Legolas, Prince des Elfes, raconte…..Ou Voyage dans l’imagination d’un lévrier bringé
Legolas, Prince des Elfes
« Il m’arrive des choses tellement extraordinaires que j’ai décidé de les écrire. Autrement, on pourrait croire que j’invente, que je rêve, que j’imagine… que tout ceci n’est qu’illusion !!! Non, je veux clamer haut et fort les aventures qui ne cessent de me surprendre depuis que je suis né, il y a environ deux ans. Tout a commencé par une période douce, chaude et joyeuse. Entouré de plusieurs frères et sœurs, nous étions tous entourés des tendres soins et de l’affection d’une merveilleuse « galga » : lait et caresses à volonté, jeux incessants…. La vie promettait d’être belle….Jusqu’à ce jour où l’on nous a forcé à monter dans une drôle de voiture….tous tassés les uns contre les autres… Une fois lâchés, on ne nous arrêtait plus. C’était épatant, courir à droite, à gauche : là-bas, il y avait un drôle d’animal qui nous narguait…et hop, deux de mes frères ont attrapé le lièvre. Des hommes étaient là. L’un d’eux m’a montré du doigt : « Bueno para nada…..inutile… ». J’ai cru que c’était mon nom pendant longtemps : « Bon à rien » ou « Inutile »..Je ne savais pas ce que cela voulait dire mais c’est sûr, les hommes sont devenus très méchants …Et autour de moi, je voyais souvent des camarades battus, maltraités…J’avais peur de tout : du noir, des bruits, des coups….Un jour on m’a emmené dans une fourgonnette et je me suis retrouvé dans ce qu’ils appellent un refuge. C’était mieux. De gentilles dames venaient s’occuper des centaines de chiens qui semblaient devoir rester là pour toujours. Pas facile malgré tout, de survivre dans cet endroit. C’est sûr, il y avait de la nourriture, mais jamais assez. On avait peur de manquer…et puis, on était vraiment enfermé derrière ces grillages…Je me sentais si seul, oublié, sans personne…. J’aurais tant voulu courir à travers de larges espaces.
La nuit parfois, j’en rêvais. Un jour peut-être...
Vers la France
Un jour, on est venu me chercher avec plusieurs de mes compagnons.
Dans le refuge, on ne m’appelait plus « Bueno para nada »…On ne m’appelait plus du tout en fait, nous étions toujours en groupe. Et là, une dame très douce m’a dit « Désormais, tu t’appelleras Legolas. Tu es si beau, si fin, si délicat. Tu me fais penser à Légolas, le Prince des Elfes dans le Seigneur des anneaux…. » Le Prince des Elfes ? Quel destin. Je n’étais rien, en une seconde je portais tous les rêves d’une jolie dame romantique ! Et nous voilà parti pour un nouveau pays, la France. A l’arrivée, un choc. Toutes ces dames si adorables ne cessaient de nous complimenter : « oh comme il est beau ! » Disait l’une et sa voisine ajoutait en nous caressant : « ils paraissent si fatigués par le voyage. Vite de l’eau, un peu de nourriture » Je n’aurais même pas imaginé que les humains puissent être aussi prévenants avec les galgos. On nous mettait même des manteaux afin de nous protéger du froid ! Et depuis, je vais de découverte en découverte… je mange à ma faim, on me caresse toujours, on me flatte, on me remarque, on me traite de « Prince ».
Dans ma famille d’accueil, chez la gentille Virginie, j’ai découvert d’autres chiens. Tous avaient des noms et chacun de nous était aimé. La grande Rottweiler, Bahia, ne m’a même pas fait peur, même si je sentais bien qu’il ne fallait pas la taquiner de trop près ! Un autre lévrier, Ron, venait également d’arriver : un peu agité, mais si sympa. Et la petite fille Jade, une vraie princesse de contes de fées. J’adorais dormir avec elle…Je commençais à me dire que peut-être ma vie allait continuer là mais un changement m’attendait encore. On m’emmène à la clinique vétérinaire pour un petit problème de glande salivaire. Grosses complications, on me soigne de nouveau, j’étouffe, j’ai mal…vraiment très mal…Je sens que je pars au paradis des lévriers. Le docteur lui-même me croit parti sur le chemin d’où l’on ne revient pas. Mais c’est mal me connaître. Le lendemain matin, me revoilà debout. Je veux savoir quelles nouvelles surprises me réserve encore cette nouvelle vie qui ressemble à un paradis. Et là, une nouvelle dame m’attend. Incroyable, dans sa maison, des lévriers partout : sur les coussins, sur les murs, une statue…. Et surtout, et alors là, c’était cocasse : un autre lévrier tout noir était déjà là, mais celui-ci venait d’Irlande. Une fille d’ailleurs, nommée pompeusement Bagheera, la panthère du Livre de la jungle. Clairement, se prenant très au sérieux, je dirais même snob, me prenant un peu de haut. Genre : « je suis chez moi…pour qui te prends-tu ? » Il faut la voir juchée fièrement sur son lit à baldaquin. Elle ignore semble-t-il que moi aussi, je suis un Prince. Les premiers contacts ont été…mordants !!! Mais nous avons tous les deux repris nos esprits et nos marques. Nous sommes en train de devenir les meilleurs amis du monde. Enfin, qui aurait pu imaginer une telle histoire ? Comment la vie peut-elle être si dure et se transformer en paradis soudain ? Si un jour, on me voit un peu mélancolique, confortablement installé dans mes coussins, la tête sur les genoux de ma nouvelle mère, c’est que je n’oublie pas mes frères ou mes amis là-bas à qui on a dit un jour : « Bueno para nada ».
Peut-être que lorsque l’on a connu l’enfer, il reste toujours une fragilité.
Comme si l’on avait du mal à croire au bonheur !!!!!!
Legolas, Prince des Elfes, adopté par Elisabeth, qui a écrit ce texte magnifique rien que pour lui.