Cela fait maintenant 3 semaines que nous sommes rentrés d’Espagne et j’ai l’impression que c’était hier. Difficile de reprendre le fil du quotidien, chaque nuit, les images défilent comme dans un mauvais rêve. On voudrait refaire l’histoire, on repense à ceux pour qui, ce n’était pas le jour, comme ce Galgo qui courrait derrière la voiture de la Fondation, lorsque nous sommes repartis avec l'un de ses congénères, pour lui ce n’était encore pas le jour, il pouvait encore faire une saison.
Que deviendra-t-il ?? Nous ne le saurons certainement jamais…
Des paysages magnifiques, à perte de vue
et des rencontres insolites aussi..
Et l’envers du décor, des gourbis comme celui-ci, il y en a partout où les Galgos y sont entassés par dizaines.
Au premier abord, on ne sait pas trop, des poules, des chevaux au milieu d’un amas de ferraille. Des vieux bâtiments rafistolés, des Galgos à la chaîne.
Nous nous arrêtons, Isa est nerveuse " C’est l’horreur ici "nous dit-elle. "Il y en a plus de 100 dans le hangar ", tous plus maigres les uns que les autres, l’homme est très violent avec ses chiens, il les terrorise. Elle s’avance vers lui en souriant, il se méfie, elle voudrait entrer et en négocier quelques uns, les plus abîmés, les plus affamés.
Et moi, je les regarde, ils sont là, à portée de notre main et je comprends vite, que nous ne pourrons rien pour eux.
Quelquefois, l'homme est coopératif, d’autre fois non, elle le sait et ce jour-là, elle voit tout de suite que nous ne pourrons pas entrer.
Nous continuons notre périple, il est déjà tard mais ici, le temps ne compte pas, nous allons faire le tour des bunkers, il y en a partout, c’est incroyable.
Vous voyez, tous ces hagars, ce ne sont que des bunkers.
On rencontre un Galguero, il a vu la camionnette de la Fondation et s'est précipité vers nous, pour nous montrer ses chiens. Il en est très fier, c'est une très bonne lignée et il insiste pour que je le prenne en photo. C'est pas tous les jours, qu'on rencontre des étrangères ici.
Mais les chiens deviennent nerveux alors il s'énerve après eux et commence à tirer sur les cordes qui enserrent leur cou, avec un noeud coulant. L'homme passe du coq à l'âne, il s'agace tout de suite arès ses chiens, son sourire à disparu, son visage se ferme, ses Galgos auraient dû se plier au jeu de la photo, il n'est pas content et repart en bougonnant.
Il est 18 h, les Galgueros sont dans les bistrots, « regardez, regardez », nous dit Isa, « les agents de la Police, boivent l’apéro avec les Galgueros, vous comprenez pourquoi nos plaintes n’aboutissent pas, de toute façon ils sont eux-même Galgueros !! »
C’est surprenant, au nez et à la barbe de tout le monde, on peut voir les véhicules de la Guardia civil, garés derrière les 4x4 des Galgueros. Alors on comprend mieux, qu’ici les lois, ce sont eux qui les font..
Depuis quelques années, l’identification des Galgos est obligatoire, ici elle n’a jamais été respectée, aucun Galgo ne possède de microchip, ou s’il en a une, elle lui est retiré au couteau, ce qui provoque de terribles infections et la mort lente du chien. Si Léonardo n’avait pas retrouvé à tant , par la FBM, c'est comme cela qu'il serait certainement mort.
Les bunkers, lieux de détention ou les Galgos sont entassés et enfermés dans le noir. La nuit, ils y sont enchainés et cadenassés.
Les portes sont blindées et l’endroit est sous haute surveillance.
Il y a beaucoup de vols, oui c’est incroyable mais les meilleurs Galgos sont très convoités. Les Galgueros se les volent entre-eux , soit pour les utiliser, soit pour les mutiler, afin qu’ils ne puissent plus être exploités par leur concurrent.
Les Gitans également, sont à l’affût « des meilleurs spécimens », de ceux qui rapporteront beaucoup d’argent lors des courses.
Ici , c’est la mafia, il y a des clans, de la jalousie entre chasseurs, c’est à celui qui aura le plus beau cheptel, c’est une question d’honneur, plus ils possèdent de têtes, plus ils sont fiers.Nous tentons quend même de négocier une ou deux vies mais " la chair est encore fraîche", aucun n'est à mettre au rebut pour l'instant.
Ce cheptel sera renouvelé tous les ans, chaque Galguero possède entre 20 et 30 Galgos en début de saison et n’en aura plus que 2 ou 3 en fin de saison. Tous les autres auront terminés leur course, soit en perrera, soit dans la nature, soit au bout d’une corde. Ceux qui auront de la chance, seront recueillis par les refuges mais le nombre est infime, ils sont des milliers à mourir chaque année en fin de saison de chasse et il est impossible d’avancer des chiffres officiels puisque la majorité d’entre eux ne sont pas identifiés et qu’il n’y a aucun contrôle des naissances.
Ici, un Galgo qui s’arrête au cours d’une course ou d’une partie de chasse, sera éliminé. S’il s’arrête une fois, il s’arrêtera encore, c’est le déshonneur pour le Galguero et ici on ne badine pas avec l’honneur.
On le voit bien, un seul regard regard suffit, pour que le chien se soumette à son maître, celui-ci reviendra avec nous, il n'a pas été à la hauteur.
Et oui, le Galgo , est ni plus ni moins considéré que comme du bétail, il n’y a aucun attachement à l’animal. S’il est mauvais , on s’en débarrasse, s’il a été vaillant, il continuera jusqu’à la prochaine fois.