Dès le lundi matin et après quelques heures de sommeil, nous partons avec les protecteurs de la FBM, faire le tour des perreras.
C’est toujours avec le même pincement au cœur que nous pénétrons dans ces lieux sordides.Très vite, nous parcourons le couloir de la mort, sans trop nous attarder, comme pour nous protéger.
Elle est là, toute recroquevillée, le regard vide, comme si elle avait compris que pour elle, l’heure était venue.
Nous nous approchons et une seule idée nous trotte dans la tête, va-t-on pouvoir la sortir ?
Et si ce n’est pas possible aujourd’hui, sera-t-elle là encore demain ou après….
Ce fameux 11ème jour, délai légal à partir du jour d’entrée et du jour de départ. Départ vers une nouvelle vie pour ceux qui auront de la chance. Le mot chance n’est pas vraiment approprié quand on sait que les Galgueros et les Gitans viennent récupérer certains Galgos encore vaillants, moyennent quelques euros, glissés sous le manteau, au personnel des perreras.
Plus lucratif donc que de les laisser aux associations, puisque dans ces perreras municipales, il n’y a normalement pas de transaction d’argent, le retrait d’un chien est gratuit.
Et départ vers l’au-delà pour les autres. La mort n'est elle pas plus douce que la vie en enfer?
On peut se poser la question quand on connait les conditions de vie de la majorité des Galgos.
La chance de mourir par injection, vite et sans souffrance après 11 jours dans cette cage humide , n’est-ce pas une délivrance ?
Miguel revient avec le sourire, c’est bon nous pouvons l’emmener.
Comme d’habitude, nous nous empressons de la sortir de son mouroir.
Comme d’habitude nous nous accrochons à elle avec la peur qu’on nous la reprenne.
Nous l’appellerons Chrystal, prénom que Chrystelle lui a choisi.
Très vite, nous la montons dans la voiture de la FBM, elle est bien à nous et nous lui avons sauvé la vie.
Nous sommes heureux mais nous laissons les autres derrière nous, ceux pour qui, ce n'était pas le jour de chance.
Ceux-là, resterons à jamais dans nos coeurs.